Saga Africa ....
Sur Tenerife, nous sommes restés au mouillage à Playa San Juan une semaine.
Les autres mouillages étaient moins abrités, et Puerto Colon était plein. Mais nous étions bien dans ce petit port de pêcheurs sympathiques, plus authentique que bien des endroits aux Canaries.
Nous avons donc loué une voiture pour 4 jours, épisode épique! La boutique à laquelle nous nous sommes adressés, proposant des prix attractifs, n'était que l'intermédiaire d'une agence. Lorsque le gars nous a demandé notre hôtel et notre numéro de chambre, nous lui avons expliqué que nous étions venus en bateau à voile. Celui-ci a roulé des yeux ronds comme des billes et riait bêtement, répétant nos propos... Ceci nous a valu de payer une caution de 300€. Un homme est ensuite venu nous chercher pour nous emmener à l'agence faire les papiers. Ayant tous constatés le piteux état de la voiture, Loïc la photographia pour éviter tout malentendu en la rendant, avant de nous rejoindre. Les formalités effectuées, je m'assurais auprés de la femme que nous devions bien prendre possession de la clio avec laquelle nous étions venus. "Pas du tout", me répondit-elle, "c'est la Seat Ibiza sur le parking devant". Eclat de rire général! Le gars a dû bien rire en voyant Loïc photographier son casson. Cela dit l'Ibiza avait une carrosserie dans le même état... 
L'aprés-midi même nous étions au coeur de la montagne, encerclés de coulées de lave plus ou moins foncées en fonction de leur âge. Un spectacle extraordinaire!
D'ailleurs, autour d'El Hierro, îlot le plus occidental des Canaries, des éruptions volcaniques sous-marines ont lieu et des AVURNAV (Avis Urgent aux navigateurs) nous mettent en garde à longueur de journée sur la VHF. Cette info n'a pas du être diffusée en France car nous n'avons reçu aucune mise en garde de nos parents relative à cela!
Le lendemain nous avons réussi à convaincre Seb de descendre le Barranco de Masca, rando donnée pour trois heures. Aprés avoir réparé son unique paire de baskets préhistoriques au sika, il s'est décidé. Le haut des gorges est verdoyant, parsemé de palmiers et figuiers de barbarie. 
En bons français, des randonneurs nous ont demandé si nous avions emmené du vin rouge, lorsque nous avons sorti nos sandwiches-baguettes! Puis la gorge devient plus étroite et austère, entourée de hautes paroies noires, pour finir sur une crique de galets noirs.
La chaussure de Seb nous lâchera peu avant l'arrivée, chaussure que Caro rebaptisa la "talking shoe". 
Le sablier continuait à s'écouler inexorablement et le départ de Caro approchait.... Nous nous sommes offerts une fishpedicure (des petits poissons grignotent les peaux mortes des pieds!), puis une dernière soirée à papoter au coin de la lampe à pétrole, un dernier tarot...
Nous l'avons raccompagné à l'aéroport le 30 novembre, la larme à l'oeil... Elle va nous manquer à tous et nous comptons sur la navigation pour nous changer les idées et faire la transition.
Aprés un gros avitaillement, les pleins d'eau et de gazole, nous avons jeté l'ancre pour le Sénégal. Les trois premiers jours furent plutôt raides : une trentaine de noeuds de vent, une mer démontée et une houle croisée... Nous n'avons pas été malades grâce aux médicaments, mais avons eu l'impression de séjourner dans un shaker! Le 3ème jour, le vent est retombé à une vingtaine de noeuds et nous étions amarinés, nous avons donc bien pu apprécier cette navigation, qui était aussi la plus longue jusqu'à maintenant, et donc une esquisse de la traversée.
Nous sommes arrivés à Dakar de nuit, et n'avons vu de cette ville que ses lumières, ce qui n'a fait qu'aiguiser notre curiosité. Aprés avoir évité une épave, nous nous sommes ancrés prés d'autres voiliers. Nous avons été réveillés dans la nuit par les appels à la prière du muezzin, voix implorante et graveleuse qui nous a rappelé où nous étions. Nous sommes devant le Cercle de Voile de Dakar(CVD), une association qui met à la disposition des adhérents plusieurs services, et à laquelle nous adhérons. Il y a Fatou à la lessive, Diego à la voilerie, Mussa à la mécanique, mais aussi passeur (conducteur de la navette qui nous conduit à terre) à mi-temps avec Saïdyo, mama Bijoux, mama fruits et légumes, et puis un bar wi-fi, des sanitaires et douches.
Toute une petite équipe trés sympa et accueillante.
Ils disposent de peu de matériaux, mais recyclent, réparent, rafistolent: ici tout est possible !!
Nous sommes dans l'anse d'Hann, la 3ème baie la plus polluée au monde... C'est ce qui nous frappe tout de suite : la pollution et la saleté. Les égoûts et déchets de la ville se déversent dans l'eau, interdit donc d'y tomber! Les bas-côtés ne sont que tas d'immondices, ça et là du poisson sèche sur les trottoirs... (on vous épargne les photos) Il nous faut nous habituer aux odeurs de toutes sortes, à la poussière et aux mouches, que nous chassons désormais, comme les animaux, d'un coup de tête ou de patte! Heureusement, la gentillesse des locaux, réhausse ce tableau un peu souillé.
Le dépaysement est désormais total. Jusqu'ici seule la langue différait, ici nous parlons français mais la culture, la religion, la manière de vivre, tout nous surprend.
Nous avons dû rapidement nous acquitter des formalités d'entrée à la police et à la douane. Nous avons d'ailleurs été contrôlés quelques jours aprés et le bateau fouillé de fond en comble.
Hier nous avons visité l'île de Gorée, "île petite par sa taille mais grande par son histoire" (c'était le refrain de notre guide Babaka) qui a vu des millions d'esclaves défiler et partir pour les Antilles, douloureuse page de l'histoire...
Nous avons aussi visité une réserve naturelle à Bandia et le lac rose. Loïc vous a concocté un petit film de notre mini safari. 
A bientôt. Julie & Loïc