La transat

Publié le par soleya

Tout d’abord mille excuses de mille sabords de ne pas vous avoir donné de nouvelles pendant si longtemps. Comme vous devez le savoir nous nous installons en Martinique et les recherches d’emploi et transfert d’entreprise occupent désormais nos esprits et journées. Ce qui nous aide aussi à faire le deuil de ce magnifique voyage… Voici quelques extraits de mon journal de bord pour vous illustrer notre traversée.

Le 2 février après toilette et rasage pour Loïc, nous remontons l’ancre qui ne retouchera l’eau que 14 jours plus tard ! Nous avons tout de suite du vent et une houle croisée… Des dauphins nous escortent, nous offrant un magnifique ballet devant l’étrave du bateau. La forte houle limite les possibilités de divertissements et les premiers jours, je n’ai même pas envie de cuisiner. Alors nous lisons beaucoup, alternant les positions assises et couchées, cessant lorsque nous sommes trop abrutis. Après 2 ou 3 jours, nous sentons la chaleur arriver et nous nous douchons à l’eau de mer dans le cockpit. C’est une des animations de la journée ! Autour de nous du bleu à perte de vue. P1050163Pendant plusieurs jours le récepteur AIS (système de détection de navires de émetteurs) ne signale aucun cargo et Loïc est persuadé qu’il ne fonctionne plus et se lève plus souvent pour scruter l’horizon… alors que nous sommes tout simplement seuls au milieu de nulle part!! Tous les 4 jours environ, nous enlevons 1h à chaque passage de fuseau horaire. Les après-midi sont un peu longues, mais on se fait à cette vie paisible. Les nuits sont un peu plus difficiles car le vent et la houle forcissent et nous empêchent de bien dormir. Les craquements, chuintements, sifflements, claquements, grincements, couinements, et j’en passe, sont tellement plus impressionnants la nuit et à l’intérieur du bateau. Nous sortons faire un point une fois par heure seulement (vive l’hauturier !) et faisons des quarts de 3h. On se délecte de petits plats que famille et amis nous ont offerts avant le départ ! Nous avons vu quelques oiseaux courageux jusqu’au 4ème jour et reverrons les prochains à 3 ou 4 jours de l’arrivée. Et puis chaque matin nous découvrons de nombreux poissons volants dans le cockpit. Certains réussissent des prouesses incroyables comme aller se loger dans la poche d’un cagnard !! Mais si on ne les voit pas, l’odeur nous mène à eux ! Dans l’eau des tas de ce que nous pensons être des éponges orange filent en banc vers l’ouest et nous nous demandons si ça n’est pas une nouvelle algue, ce qui nous sera confirmé aux Antilles. Chaque midi nous nous appelons avec Seb sur l’Iridium et nous jouons au grand jeu « trouver Seb » sur la carte grâce à ses coordonnées GPS. Nous commençons à nous sentir mou à cause de l’inactivité.  Et puis nous en avons ras le bol des nuits dans un shaker et je supplie la mer de nous offrir une nuit calme. Les jours se suivent et se ressemblent… à s’y méprendre! Inutile de tenter un scrabble… Loïc se poêle à la lecture d’un San Antonio, une de nos découvertes et révélations du voyage. Quant à moi, j’engloutis tout, même les bouquins de voileux!! J’en ai lu 13 en 14 jours ! La houle, pourtant toujours forte, ne m’empêche plus de cuisiner et je fais du pain, des tartes salées, non sans peine puisqu’il faut ranger ou caler efficacement  le moindre ustensile dès utilisation. Je transforme ou invente des recettes qui sont toutes, sans prétention, des réussites! Moi qui avais l’angoisse de la blessure, nous réussissons tous les trois à nous blesser le même jour, heureusement, sans gravité. Seb s’est démis un doigt en relevant son hydrogénérateur, qui s’est remis aussitôt miraculeusement. Je me suis fait écraser la main par la porte de frigo lors d’un fort coup de gîte et suis tombée dans les pommes. Plus de peur que de mal puisque que je ne me suis rien cassée ! Et Loïc s’est ouvert un doigt profondément en ouvrant une boîte de conserve et a manqué de perdre connaissance lui aussi. Nous lui avons mis des points autocollants et la plaie a cicatrisé à temps pour qu’il puisse se baigner en arrivant ! Plus que 3 jours et 3 nuits si nous continuons à effectuer 150 miles par 24H. Nous devrons certainement nous ralentir pour arriver de jour. L’inactivité devient pesante et je me réveille avec des envies de sprint ! La houle s’est calmée et on a bien pris le rythme et presque plus envie d’arriver… On a passé un long moment sur le pont aujourd’hui allongés sur des coussins à l’ombre des voiles. Depuis le départ, nous vivons en maillot de bain ou en sous-vêtements et n’avons par conséquent pas pris de photos! Ce soir c’est la fête des amoureux et nous fêtons cela autour de brioches de riz de veau, si, si ! Cet après-midi, rasage dans le cockpit pour Loïc devenu marin breton confirmé, armé d’un seau, d’un petit miroir, sa main blessée gantée… J’aurais tout de même dû faire quelques clichés…  Les deux derniers jours et nuits, nous nous ralentissons un maximum pour n’arriver que jeudi matin. 2 ris dans la grand voile et un bout de génois seulement cette nuit et nous avançons toujours à 6 nœuds…  3 ris et génois roulé aujourd’hui et nous sommes encore à 5 nœuds. On aurait peut-être dû opter pour tout laisser jusqu’au bout et ainsi tenter d’arriver mercredi soir. Mais le risque est trop important, Union étant entouré de patates de corail… La configuration des voiles est la même tout le long, en ciseaux tribord amure. Les seules manœuvres sont des prises et renvois de ris sur les deux voiles. Pas de surmenage de ce côté-là!P1050167.JPG Nous avons la chance de passer entre les grains, contrairement à Seb qui ne cesse de manœuvrer pour les éviter. Loïc a décelé une faiblesse à l’hydrogénérateur et nous risquons de le perdre si nous le remettons à l’eau. Le temps est couvert et les panneaux ne compensent pas la consommation des instruments de navigation, pc, frigo… Alors Loïc barre un maximum la journée. Nous reprenons des « quarts côtiers » la dernière nuit. Au lever du jour Loïc crie « terre, terre » ! C’est à la fois un moment important et symbolique et une arrivée classique de navigation, sensation étrange.P1050184.JPG Nous arrivons au mouillage à Union dans les Grenadines à 8h et sommes accueillis, voire un peu agressés par un taxi boy qui veut nous louer une bouée de mouillage. Peu après nous être ancrés, nous recevons la visite d’un copain d’un copain, Sylvain un gars de l’Ile d’Yeu et sa copine. Ils rigolent lorsque nous leur expliquons que ce sont les premiers mots que nous échangeons de ce côté de l’Atlantique! Nous entamons rangement et ménage du bateau sans tarder. Deux heures plus tard, Seb nous appelle à la VHF. Le malheureux a un problème de moteur et ne peut prendre le risque d’approcher du mouillage à la voile. Pourtant si proche de nous, il nous annonce qu’il met le cap sur la Martinique où il est sûr de pouvoir le faire réparer.  Nous sommes très déçus de ne pouvoir fêter notre arrivée ensemble. Tandis qu’ils discutent à la VHF, Seb entend un bruit violent sur son bateau. Il nous annonce quelques instants plus tard que la manille de l’enrouleur de génois en tête de mât a lâché… Plus de moteur et de voile, seule une grand voile, nous craignons qu’il ne se retrouve à Panama !!! Rapidement, Loïc et Seb échaffaudent un plan. Nous nous accordons pour nous retrouver devant Chatham Bay, une baie ouverte et facile d’accès à 4 miles d’où nous sommes. Nous partons en hâte et prenons tout de même le temps de repérer la place et la manœuvre à effectuer au mouillage. Loïc veut remorquer Seb et l’ancrer ici afin de réparer son génois. Sous un grain violent, l’opération s’effectue sans encombre. L’après-midi même Loïc grimpe Seb au mât et le génois est réparé, et le soir même nous fêtons notre arrivée tous les trois, même si Seb repart le lendemain. Nous décidons donc de rejoindre Zico et Emilie à Carriacou pour le carnaval.P1050189.JPG Nous passons avec eux quelques jours délicieux, profitant des magnifiques plages comme Paradise Beach, Sandy Island…

P1050192.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

Le carnaval vaut aussi le détour, déguisements colorés, musique à tue-tête, danses plus que suggestives… Nous verrons même un gars avec une vraie tête de cochon sous le bras ! Mais il nous faut remonter vers la Martinique où nous devons retrouver les parents de Loïc et un fort vent annoncé quelques jours plus tard nous décide à repartir le plus vite possible. Après 14 jours de portant, nous redécouvrons que le bonheur n’est pas dans le près! Trente nœuds dans le pif, avec une grosse houle qui fait taper le bateau… En trois jours nous gagnons la Martinique en sauts de puce et vivons des navigations musclées. Nous sommes depuis au mouillage dans l’Anse Mitan et nous installons progressivement. Nous avons retrouvé avec grand plaisir nos amis Johann, Hélène, Alizée et Yannis qu’on avait suivi pendant leur tour en 2009 et qui nous ont donné envie de partir nous aussi. Quant à tout ce qui nous reste à découvrir dans cet exceptionnel terrain de jeux : Grenadines, Dominique, Guadeloupe, etc, nous les visiterons lors de prochaines vacances!


Julie & LoïcP1050197.JPGP1050194.JPG

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
Bravo pour cette grande traversée. De notre coté, plus que 5 dodos avant de vous féliciter en direct !!! Vous nous avez fait rêver !! Merci. on vous embrasse.<br /> Cécile Patrick Théo Antoine et Lucie
Répondre